Il y a dans l’industrie de la beauté une effervescence qui n’a jamais cessé de me fasciner. Un tourbillon permanent d’innovations, de lancements, de concepts flambant neufs. Chaque mois, ou presque, une marque surgit, un produit bouscule, une idée renverse les codes. On peut aimer ou non, mais impossible de nier le mouvement. C’est un univers qui respire la vitalité — et à la lecture de cet article de Vogue Business cette semaine, je me suis pris à rêver : quand le vin retrouvera-t-il, lui aussi, cette pulsation créative ?
L’article évoque cette mutation captivante où les influenceurs cessent d’être de simples vitrines pour devenir, littéralement, des détaillants boostés à l’intelligence artificielle. Non plus de simples passeurs de tendances, mais des commerçants à part entière, propriétaires d’un espace marchand où leur sélection devient manifeste. Après les liens affiliés et les story codées, place à une nouvelle génération de « creator storefronts » : des boutiques personnelles, façonnées à l’image de leurs auteurs. Sephora, Condé Nast, ShopMy ou encore des startups s’y engagent déjà. Le créateur devient marchand, le goût devient argument, la subjectivité — un capital.
Il y a là une révolution silencieuse. Non pas celle de la technologie, mais celle de la sensibilité. Car, comme le rappelle cet article, « curation comes from having a point of view ». Voilà sans doute le cœur de l’enjeu : dans un monde saturé d’algorithmes et d’automatismes, le regard humain reprend sa valeur. L’authenticité devient rare, donc précieuse. Ce n’est plus le produit que l’on achète, mais la perspective qui l’accompagne.
Et je songe alors à cet autre univers qui m’est cher, celui du Vin. La plupart de nos clients chez VitaBella viennent historiquement de cet univers. Jadis, il connut ses figures tutélaires, ses « super-critiques », dont Robert Parker fut le roi incontesté. Leur jugement pouvait faire et défaire des destins de châteaux, des millésimes entiers dépendaient d’une note. Puis vint la désintermédiation, la verticalité du commerce en ligne, l’érosion de ces voix puissantes. Aujourd’hui, le vin s’est un peu assoupi — institutionnalisé, homogénéisé, parfois même digitalisé sans âme.
Mais si le monde de la beauté réinvente la vente à travers la personnalité, si les influenceurs deviennent de nouveaux négociants, alors pourquoi pas le vin ? Pourquoi ne verrait-on pas émerger demain ces influenceurs, forgés par la passion et le goût, capables d’orchestrer leur propre sélection digitale avec le discernement d’un Parker, mais la spontanéité des communautés Tik Tok et Instagram ? Le vin, plus que tout autre produit, a besoin de chair, d’émotion, d’une parole singulière.
Ce serait, pour reprendre les termes de Vogue Business, un retour à la « curation », à la main de l’homme qui choisit, recommande, s’engage. Le futur du commerce du vin ne se joue plus uniquement dans les caves, mais dans cette alchimie subtile entre influence et intégrité. Une nouvelle forme d’autorité, non dictée par la critique, mais par la confiance. En somme, une re‑naissance : celle du goût incarné.
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