Claude Giraud: « C’est la première fois de ma vie que je vois des raisins aussi sains, 2015 est une année extraordinaire »

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Au premier jour des vendanges, Claude Giraud donne son avis sur l’année 2015 et sur la qualité des premiers raisins du vignoble de la Maison de Champagne Henri Giraud à Aÿ.

Quels sont vos premiers sentiments sur cette vendange 2015?
Claude Giraud: “Dans le vignoble Champagne Henri Giraud, la vendange a commencé ce mardi 8 septembre par les côteaux ouest d’Ay qui sont, chaque année, les plus précoces. J’ai toujours constaté que les grandes années étaient les années dont on ne parlait pas jusqu’à la vendange. Il ne fait pas trop chaud, il ne fait pas trop froid, puis d’un seul coup, on se dit à la vendange que c’est une grande année. Habituellement une année comme 2015, très chaude et tres sèche, aurait montré des déséquilibres à la vendange et là ce n’est pas du tout le cas: en 2015, on arrive à le vendange avec des equilibres exceptionnels. Les premiers marcs font 11°2 pour 8.5 d’acide, ce qui est excellent.”

Comment expliquez vous cela?
C.Giraud: “Pour Ay, on peut donner deux raisons: les craies tendres du Campanien ont préservé la vigne du stress hydrique grâce a des réserves en eau. Ensuite, l’enchaînement de nuits fraiches qui ont permis de conserver de belles acidités. On est quasiment à l’equilibre parfait entre sucres et acide avec un rapport de 23. Mais je dois dire qu’au delà de cet équilibre parfait, c’est la première fois de ma vie que je vois des raisins aussi sains, indemnes de foyers de parasites, c’est vraiment extraordinaire.”

Comment approchez vous donc la vinification des vos vins 2015?
C.Giraud: “La première dégustation au pressoir confirme nos attentes: c’est extrêmement goûteux. La grande concentration aromatique que l’on avait décelé dès les 1ers prélèvements mi août dans les vignes se confirme. Nous avons anticipé ce phénomène de concentration en pilotant la chauffe de nos tonneaux de façon singulière. Chez nos tonneliers, on a stoppé la cuisson des tannins au stade précédant la maturité. Il y a trés peu de gens dans le monde qui savent stopper cette cuisson « au nez » avec des stades olfactifs bien identifiés et qui varient pour chaque forêt. Cette année, on a rentré deux excellentes forêts du nord de l’Argonne, Valmy et Lachalade, dont la tension va tempérer nos pinots les plus puissants. Sur une année comme celle-ci, cette expertise est l’arme secrète de Champagne Henri Giraud qui fera la différence. Ce sera certainement donc un très grand millésime mais qui va demander beaucoup de doigté de la part du vinificateur pour dompter cette puissance.”