Marketing de Luxe et Vin Primeur 2015 à Bordeaux

Guillaume Jourdan Vitabella Wine

(Ce post « Marketing de Luxe et Vin Primeurs 2015 à Bordeaux » a été rédigé par Guillaume Jourdan. Contactez le à info@vitabella.fr ou via LinkedIn)

La tendance des Primeurs 2015 à Bordeaux est là: 60% d’augmentation pour les 1er grands crus de Bordeaux par rapport à 2014. Les médias sociaux regorgent de critiques négatives à ce sujet. « C’est trop cher, beaucoup trop cher ! » s’écrient les amateurs et acheteurs. Je dois dire que de notre côté, chez VitaBella Luxury Wine, nous sommes plutôt ravis d’observer ces fortes augmentations. Le marketing des vins de Luxe a un avenir florissant.

Si le prix est élevé dans le contexte actuel, qu’en sera t-il dans 20 ans? Si l’on considère que l’offre primeurs est une offre attractive – ce qui est la définition des primeurs, non? – par rapport au prix futur, alors il faut se poser la question: quelle est votre définition du futur? 5 ans? 10 ans? 20 ans? En 2016, il est certain qu’il faut mieux acheter de grands Bordeaux des années 60, 70, 80 et 90 qui paraissent décotés par rapport aux primeurs actuels et qui ont un avantage indéniable: ils sont prêts à boire. Mais peut être dirons nous la même chose des 2015 dans 30 ans? En tous cas, un chose est sûre: le marché des vins de luxe n’est pas « efficient », comme on le dit dans le monde de la Finance. Car s’il l’était, les vins de ces vieux millésimes seraient beaucoup plus chers.

Pour ma part, je suis ravi car l’avenir du marketing des vins de luxe est radieux. Eh oui, il est radieux car avec des prix comme ceux là, il va falloir mettre en place des plans marketing d’envergure et adaptés aux problématiques Luxe d’aujourd’hui. Quelles sont ces problématiques? La nécessité de se recentrer sur le consommateur, de bâtir des marques, de segmenter les marchés et de se différencier. Dans son récent article sur Decanter, Jane Anson pose les bases de ce qui fera les beaux jours du marketing des vins de Luxe. Pour les grands châteaux, ces prix de plus en plus élevés rendent impossible à terme le fait de rester dans un système uniquement orienté négociants: ils doivent prendre en main leur relation avec les acheteurs et consommateurs. L’augmentation de leurs stocks, mentionnée par Jane Anson, conduira naturellement les châteaux dans cette direction. Tout se conjugue sur ce millésime 2015 pour les amener à développer et renforcer la relation avec les consommateurs.

C’est d’ailleurs une évolution tout à fait logique dans l’univers du luxe avec aujourd’hui de nombreuses marques qui se restructurent pour préparer l’avenir. Ralph Lauren a repensé sa stratégie pour donner une nouvelle dynamique à la marque. Avec le plan « Way Forward » mis en place, Stefan Larsson – president/CEO de Ralph Lauren – a rappelé l’engagement pris pour les prochaines années: “We have a powerful, authentic brand with unique elasticity, and we will bring our company to a stronger place than ever before by connecting our brand voice more closely to consumers« . Dans une même approche, le groupe de cosmétiques Estee Lauder a lancé son plan “Leading Beauty Forward”. Et pendant ce temps là, la marque Mulberry a choisi un luxe plus abordable en revoyant entièrement son positionnement pour revenir à des prix plus accessibles. C’est d’ailleurs une stratégie payante et ce succès est à méditer car il se pourrait que l’on se rende compte, tôt ou tard, que certains châteaux ont visé trop haut, trop rapidement. Revenir à des prix plus accessibles, vous n’imaginez pas? Mulberry l’a fait. Pourquoi pas de grands chateaux?