Aprés les Primeurs 2013 à Bordeaux, voici un nouvel évènement important en France: les dégustations des vins clairs 2013 en Champagne. Dés lundi 14 avril, de nombreuses dégustations seront organisées. Privée – uniquement sur invitation – ou ouvertes à un large public professionnel, elles sont l’occasion d’aborder les vins 2013 et de les juger. Avant cet évènement, voici l’interview de Claude Giraud – actuel membre de la famille à la tête de la Maison de Champagne Henri Giraud à Aÿ- qui recevra lundi matin de nombreux experts internationaux.
Les ateliers n°3 Champagne Henri Giraud auront lieu lundi prochain. Que présenterez-vous?
Claude Giraud: « Comme l’année dernière, les 150 personnes invitées viennent du monde entier pour mieux comprendre l’effet Terroirs d’Argonne sur nos vins 2013. C’est un moment très important pour nous. L’an dernier, le New York Times, le Wine Spectator, Decanter et de nombreux experts sont venus pour mieux comprendre notre démarche singulière. Bien sûr, le fait que Robert Parker nous ait cité récemment en disant que c’était « le goût que Krug devrait avoir aujourd’hui » a donné une nouvelle dimension à notre maison et à ces ateliers dans nos caves à Ay. La tentation de profiter de cette dynamique incroyable en augmentant les volumes pourrait être forte. Mais ce n’est pas le cas et nous avons décidé de ne pas le faire car nous souhaitons rester dans notre démarche agricole, une approche artisanale. »
Pourquoi ne pas croître lorsque la demande est aussi forte?
CG: « Parce que j’estime que la démarche industrielle et reproductible démarrée depuis les années 60 n’est pas bonne ni pour nous, ni pour la Champagne en général. La champagne est aujourd’hui noyée dans le flot de mousseux qu’elle a elle-même entrainé et, il faut le dire très clairement: Si la Champagne continue comme cela, les bars à Prosecco vont fleurir à Reims et à Epernay. C’est en cela que je félicite l’initiative Champagne 2030, prônant le retour vers l’excellence en lequel nous avons toujours cru. Mais il faut aller plus vite, plus loin, et plus fort. Revenir aux fondamentaux qui ont fait les grands vins de Champagne de référence. Si la Champagne pense que le salut viendra du mass market… elle se trompe lourdement. Il n’y a pas de place pour un champagne qui serait un mousseux de luxe. Champagne Henri Giraud a pris la voie agricole et artisanale depuis 1990 et l’histoire nous donne raison. Notre démarche depuis 25 ans a énormément contribué au succès que nous connaissons aujourd’hui mais aussi à infléchir le cours de l’histoire champenoise.
Pourquoi lancez vous Argonne 2004 à cette occasion?
CG: « Avec plus d’une vingtaine de pays représentés lors de cet atelier N°3, nous avons la plus belle vitrine dont la cuvée Argonne pouvait rêver. Si nous avons choisi le nom de la forêt historique de champagne pour notre grande cuvée, c’est parce que j’ai compris que le point de friction entre le champagne agricole et industriel était là. Dans les années 1960, nous sommes passés d’une vinification de quelques hectolitres en chêne à plusieurs milliers en inox. La forêt d’Argonne est le patrimoine des grands vins de champagne et c’est derrière ce drapeau que la Champagne avancera. Les allocations de l’Argonne 2004 étant quasi-terminées, j’ai choisi de le lancer tout simplement autour d’un moment de partage entre ceux qui ont toujours été des fans de Champagne Henri Giraud et ceux qui ont récemment découvert notre maison. Avec ce grand vin, nous avons imaginé de nombreuses associations gastronomiques pour cet atelier N°3. Et bien sûr cette association ne se fera pas sans l’accord parfait avec quelques-uns des meilleurs cigares…. »
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