Stop au 2013 Bordeaux bashing !

Stop au 2013 Bordeaux bashing !

Guillaume Jourdan

(Ce post a été écrit par Guillaume Jourdan)

Vu que, collectivement, Bordeaux risque de mettre des plombes à décider de réagir face à ce que j’appelle désormais du 2013 Bordeaux bashing, je préfére réagir en tant qu’amoureux du Vin et essayer d’apporter quelques éléments dans une « conversation » à sens unique. Bordeaux, out of fashion? Peut être. Grossly overpriced? Ca dépend. Pas de 2013 sur le marché? Arrêtons les conneries…

Stop! Stop! Stop! Des tas de choses négatives sont écrites sur le millésime 2013 alors que personne n’a encore mis son nez dans un verre. La dernière descente en flèche est celle du magazine Drinks Business. Virulente. Trés virulente, même. On mélange d’ailleurs un peu tout en y associant prix élevés et pauvreté du millésime pour finir sur une note désastreuse: les grands châteaux ne devraient pas sortir le millésime 2013, peut être juste leur second vin.

J’ai la chance de travailler depuis de longues années pour de grands noms du Vin. Ils ne sont pas seulement à Bordeaux, ils sont partout où l’on peut faire de grands vins. Et ces gens sont consciencieux, ils essayent de faire du mieux possible pour faire un vin qui est à l’image du lieu où il naît. Alors cela me donne chaque année la chance de pouvoir déguster des vins qui viennent juste de naître et qui reçoivent les meilleurs soins. C’est notamment le cas actuellement pour le millésime 2013 qui ne sera révélé que dans quelques mois. Et c’est pour cette raison, qu’en tant qu’amoureux du Vin, je suis malheureux de lire de telles choses.

Dans son article « En Primeur 2013: The perfect storm? », Drinks Business pose la question: With evidence that en primeur is increasingly expensive yet unprofitable and therefore faced with mounting pressure to drop prices while simultaneously facing up to the worst growing season of recent years, is it really worth the châteaux putting their wines on the market?

Mais bien sûr que cela vaut la peine de présenter ces vins en primeurs et de les présenter à la dégustation aux professionnels du monde entier! Cela sera alors à eux de juger de la qualité du vin proposé par chaque château. Comment pourrions nous empêcher des châteaux de proposer leurs vins? Si l’on regarde un peu l’histoire de Bordeaux, imaginez tous les millésimes que l’on aurait du écarter du marché pour raison de « mauvais » millésime et qui aujourd’hui se révèlent très agréables, à la plus grande surprise de tous. Pour avoir régulièrement gouté des millésimes appelés « faibles » ou « mauvais » parmi de nombreux vins du 19eme et 20eme siècle – notamment un grand nombre depuis 1831 grâce à Monsieur Merlaut au Chateau Gruaud Larose – je suis toujours étonné de la qualité que peut produire un grand château dans de « mauvais » millésimes.

Associer prix et « mauvais » millésime est encore une autre histoire… J’ai déjà écrit sur ce blog que les grands vins étaient le dernier secteur du Luxe où l’on se passait de marketing et de communication et qu’il faudrait que cela change. J’ai d’ailleurs créé VitaBella Luxury Wine, il y a 10 ans, pour aider ceux qui l’avaient compris à franchir ce nouveau cap. Les mentalités doivent changer et il faut comprendre que le prestige du château, de son classement et de son appellation, ne suffisent plus à vendre très chers de grands Bordeaux. Le marketing et la communication sont devenus essentiels dans une démarche de long terme. Certaines mauvaises langues diront que Bordeaux n’a que ce qu’il mérite. Pour ma part, à la lecture de l’histoire des grands vins de Bordeaux, je suis convaincu de la capacité de rebondissement de cette belle région et de la capacité d’adaptation des équipes compétentes qui gèrent aujourd’hui ses châteaux les plus prestigieux.

(Ecrire à Guillaume Jourdan info@vitabella.fr)