Pourquoi toujours ranger le plaisir du Vin dans l’armoire à péchés ?

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Avez vous entendu parler du Club de Vin de la prestigieuse NBA aux USA? Impossible en France! En France, le Vin embarrasse. Pourtant notre président Emmanuel Macron en parle bien, que ce soit les vins de Bordeaux avec cette interview dans Terre de Vins ou ceux de la Vallée du Rhône (on l’a vu en campagne électorale, sourire radieux, en compagnie de Stéphane Ogier, le roi de la Côte Rotie, échanger quelques mots sur ses vins). Mais ce vin embarrasse tout de même, on ne sait pas comment le définir. Cette semaine encore, c’est Madame la Ministre de la Santé Agnès Buzyn qui s’est exprimée: « Le vin est un alcool comme un autre. » Et voilà, toujours la même rengaine et toujours les mêmes levées de boucliers, cette histoire dure depuis des années. Des voix s’élèvent; puis plus rien du tout. Et aucun changement de direction. Il faut voir les choses en face: soit la filière du vin ne fait pas le poids, soit nos gouvernements successifs se trompent complètement.

Travaillant avec des célébrités et des influenceurs pour la promotion des marques de luxe que nous conseillons, voici ce que nous entendons dés que nous leur parlons de vin: « That’s great, I love wine » s’exclament les influenceurs américains, chinois, japonais ou anglais. « Non désolé, le vin c’est de l’alcool, je ne veux pas m’y associer » nous répond t-on en France. Deux poids et deux mesures qui me font dire: Quand est ce que l’on arrêtera cette erreur? Car nous ne sommes pas ici confrontés à un amalgame, nous parlons bel et bien ici d’une erreur majeure.

Au même titre que la gastronomie, le vin est pour la France, un trésor vivant et irremplaçable. Il a fait la preuve depuis les millénaires qu’il était un produit de haute valeur. Dés le haut moyen âge, les seigneurs laïcs et ecclésiastiques, prenant la suite des nobles gallo-romains, ont planté des vignes. Ce vin a toujours été un signe et un moyen de puissance. L’appellation d’origine a fait entrer le vin dans la sphère de l’exception culturelle que le monde entier nous envie. Une véritable exception culturelle saluée par l’Unesco comme patrimoine immatériel de l’humanité pour les caves et les vignes que ce soit en Champagne, en Bourgogne ou à Saint Emilion. En 2010, l’Unesco a même inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité le repas gastronomique français: peut on l’imaginer sans le Champagne et nos autres grands vins français ?

Le vin fait partie de notre exception culturelle. A l’heure où l’on célèbre les nouvelles étoiles Michelin, rappelons nous ces paroles prononcées avant l’annonce du nouveau palmarès: « Sur les 80 millions de touristes venus visiter la France en 2017, un tiers est venu pour sa gastronomie et ses vins (…) 13,5% de leurs dépenses se font dans les restaurants. » Alors pourquoi continuons nous de dévaloriser le vin – « la plus saine et la plus hygiénique des boissons » selon Pasteur – en le mettant au seul et simple rang « d’alcool » ? On se tire une balle dans le pied tout seul. L’Italie ou l’Espagne, entre autres, ont mieux compris l’atout considérable que représentent leurs vins. Et cela m’exaspère de voir les marques internationales que nous conseillons pouvoir communiquer largement sur leurs marchés nationaux et ne pas pouvoir conseiller nos marques françaises de la même façon pour pouvoir accroître leur visibilité et renforcer leur notoriété dans leur pays d’origine.

La réponse est peut être là: la charge culturelle inhérente au vin et la capacité qu’il a de représenter tous les grades de la société le rendent embarrassant. Mais le dénigrer est une grossière erreur que nous allons payer cash. Pire encore: l’affaiblissement de l’éducation à l’égard du vin condamne son avenir dans notre pays. Mais apparemment, en France, il y a « Exception culturelle » et « Exception culturelle ». Le cinéma français en fait parti et à cet égard est soutenu par de larges aides de l’État au nom de l’ »Exception culturelle ». En revanche, le vin français qui contribue généreusement à la balance commerciale subit un tout autre sort, on préfère parler de lui comme d’un banal « alcool ». La “Culture” selon la logique de notre économie française ne devrait elle être qu’un gouffre pour être sauvegardée ?

(Ce post « Pourquoi toujours ranger le plaisir du Vin dans l’armoire à péchés ? » a été rédigé par Guillaume Jourdan. Contactez le à info@vitabella.fr ou via LinkedIn)