Sparkling et Champagne : Une histoire d’Adaptation aux Goûts des Consommateurs

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(Ce post « Sparkling et Champagne : Une histoire d’Adaptation aux Goûts des Consommateurs » a été rédigé par Guillaume Jourdan. Contactez le à info@vitabella.fr ou via LinkedIn)

Dans le monde du Sparkling, Chandon l’a bien compris: il est nécessaire aujourd’hui de s’adapter aux goûts des consommateurs si l’on souhaite gagner de nouvelles parts de marché dans le monde. Et pour gagner le coeur des chinois, Chandon a décidé de retravailler sa formule. “Nous devons innover pour les consommateurs qui n’aiment pas le goût traditionnel de Chandon” a déclaré Davide Marcovitch, Président Monde de CHANDON (Groupe LVMH) dans ce nouvel article. S’ensuit une déclinaison par marché avec un sparkling fruité pour le Japon et un sparkling pensé pour être bu avec des glaçons pour le marché indien.

Quoi de plus logique que de s’adapter à la culture et aux goûts des consommateurs pour mieux pénétrer leur marché ? Comme le dit justement D.Marcovitch dans cet article: “Fini le temps où l’on pensait que le sparkling ne pouvait être bu que dans des verres en cristal(…) Dans les pays où il fait chaud, il est beaucoup plus plaisant de mettre des glaçons dans son sparkling.” La démarche de Chandon est saine et va permettre à toute l’industrie du sparkling de se développer à travers le monde. Continuer d’imposer son sparkling alors que le consommateur n’en veut pas (ou est obligé de rajouter du Coca…) est une stratégie vouée à l’échec. Accompagner le consommateur dans sa démarche de découverte du sparkling est aujourd’hui essentiel si l’on souhaite bâtir des marchés pérennes et dynamiques dans les prochaines décennies. C’est d’ailleurs dans le même état d’esprit – répondre à une demande des consommateurs – que certaines maisons de Champagne proposent aujourd’hui​ à une clientèle aisée de créer leur propre cuvée sur mesure, comme on peut le voir également dans le monde du parfum. La démarche est finalement la même, mais pour une cible différente.

Un sparkling plus sucré pour le marché chinois ? A une époque où l’on ne parle que d’ultra-brut ou de « non dosé » parmi les amoureux du sparkling et les aficionados du Champagne, certains pourraient s’offusquer d’une démarche vers le « plus sucré ». Et pourtant, si nous remontons à une histoire assez récente du Champagne, on peut découvrir des similitudes avec la démarche actuelle de Chandon. Car le champagne brut tel qu’on le connaît aujourd’hui n’a qu’un siècle. Jusque dans les années 1910, le vin de Champagne effervescent était un vin sucré. Dès 1880, les dosages (avec plus ou moins de sucre) étaient adaptés au goût des consommateurs des marchés destinataires. On trouvait donc le goût anglais, le goût américain, le goût allemand, le goût français, le goût russe…(Je vous recommande d’ailleurs à ce sujet de lire ce post de Gwenael Revel).

Que fait donc Chandon sinon réinventer ce qui se faisait il y a 100 ans en Champagne? Répondre à la demande du consommateur afin de faire croitre son marché, c’est bien ce qui a fait la réussite de la Champagne. Cent ans après, cette même démarche fera la réussite du sparkling dans le monde. Un goût plus sucré ? Et alors ? J’irai même plus loin: et si l’Asie impulsait la nouvelle tendance en matière de goût ? Et si, après l’ultra-brut et autres non dosés, le doux revenait à la mode dans les prochaines années pour le Champagne ?

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